(Vendredi 22 juillet 2005)
Le rêve, quel rêve ? Monocycler à 4808 m d'altitude. Pourquoi ? Il y a des choses qui ne s'expliquent pas mais qui se vivent… Monocycler sur le Mont Blanc : quelle drôle d'idée ! En effet, depuis des années, malgré l'envie, le doute s'était installé car, d'une part, ce type de terrain glaciaire n'est pas le lieu d'expression favori du monocycle de montagne, et d'autre part, par définition, l'engin n'est pas un engin de neige… Après avoir parcouru tant de lieux, de pays, de la Polynésie à l'Amérique du Sud, pour "monocycler" sur des montagnes toujours plus hautes, plus "exotiques", plus belles… en tout cas différentes… Ce Mont Blanc, pourtant si proche, m'obsédait d'autant plus, que sa configuration en faisait un itinéraire supposé insurmontable aux yeux du "mtétiste alpin" que j'étais. Déjà en 1999, j'étais parti avec un autre ami, Philippe, à l'assaut du Mont Blanc, mais la tentative de descente en MTT s'était révélée vaine. J'étais pourtant bien entraîné, mais une arrivée un peu tardive au sommet, encore beaucoup d'énergie à fournir pour détacher l'engin du sac à dos, déchausser les crampons, s'élancer… Bref, j'y étais, mais il avait fallu renoncer…
Le pas devient lourd, très lourd. Et puis le froid, le vent, ce vent qui ne s'arrête pas. J'essaie de protéger le peu de peau qui reste soumis aux assauts des rafales : le nez, les lèvres. Le souffle est court. Ma respiration sous la cagoule s'infiltre sous mes lunettes, se transformant en buée ; c'est le flou… Tous mes gestes sont au ralenti. Machinalement, j'essuie ce brouillard, mes pas s'enchaînent… Ce sont pourtant de bonnes conditions, j'imagine qu'il ne ferait pas bon être ici un jour de tempête.
(Suite du
récit
=> Chapitre 4 )
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